Russie : la mariée est belle et on l'habille en blanc !

Publié le par Hervé Pugi

Il est loin le temps où Boris Eltsine amusait la galerie. Il faut dire qu’après des années de guerre froide et les Staline, Brejnev ou autre Khrouchtchev, le très ripailleur président russe poussait franchement à croire en l’amitié des peuples de la planète. Même si cela semblait devoir se faire autour de quelques bouteilles…

Le père Boris parti, la Russie donne de nouveau des sueurs froides à la communauté internationale. Et il y a de quoi, l’impassible Vladimir Poutine est de la graine de ceux qu’il vaut mieux avoir dans son camp plutôt qu’en face. Alors quand Vlad joue à « 1, 2, 3, Medvedev », la terre entière retient son souffle et fait en sorte de ne surtout pas bouger le petit orteil. Faut dire qu’il y a des jeux bien plus dangereux que d’autres. En voilà un…

C’est donc animé d’un courage inimaginable que le gratin de la politique mondial a salué la si belle élection de Dimitri Medvedev à la tête de la Russie. De Paris à Washington, en passant par Londres ou Berlin, ce ne sont que de franches félicitations pour le nouveau concierge –pardon, maître- du Kremlin. Il faut dire qu’avec 70,23% des voix, Moscou a assuré l’essentiel sans en faire trop. Un score de république bananière aurait mis mal à l’aise les chancelleries étrangères. Il a bien fallu faire dans l’acceptable. Même si personne n’est dupe. Inconscients, les Tchèques ont bien regretté « des pratiques restrictives » durant les élections. Pas plus.

Il s’agit de ne surtout pas froisser la susceptibilité du colosse russe. Peu importe que l’OSCE ait boycotté le scrutin, peu importe que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) ait estimé que l’élection n’a été ni « libre » ni « juste », José Manuel Barroso, le président de la commission européenne lui-même, en est allé de ses « hourras ».

Medvedev invité à Paris

L’ONG Golos, elle, dénonce des bourrages d’urnes et des pressions sur les électeurs. Rien de grave finalement. La mariée est belle et on l’habille en blanc. Tous sont prêts à lui passer la bague au doigt…   Pourquoi également parler les interpellations de dizaines de contestataires à Moscou à la suite de l’élection ? Une bande d’anarchiste sûrement menée par un dangereux champion d’échec Gary Kasparov, que sa seule popularité ne parvient pas même à rendre fréquentable dans les élites occidentales. Aucune indignation non plus quand à la décision de Gazprom –bras armé commercial du Kremlin- de réduire ses livraisons de gaz vers l’Ukraine de 25%. Faut dire que le président du conseil d’administration n’est autre qu’un certain… Dimitri Medvedev. Vous avez dit conflit d’intérêt ?  A Bruxelles, on espère juste que les l’approvisionnement de l’Europe n’en sera pas affecté. Vaillance, quand tu nous tiens !!!

Tout va donc pour le mieux dans ce grand pays qu’est la Sainte-Russie éternelle ! Poutine parti, pas bien loin, tout peut continuer comme avant ! Et Nicolas Sarkozy (celui qui avait dit lors de sa campagne présidentielle : « Moi, je ne suis pas du genre à serrer la pogne de Poutine » lol) de s’empresser de prier Medvedev de « se rendre en visite en France dès qu’il le souhaitera après sa prise de fonctions ».

Certainement pour lui parler du problème des Droits de l’Homme. Nul doute…      

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M
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