Sommet arabe de Damas : Tous unis dans la désunion !

Publié le par Hervé Pugi

Article publié dans le journal algérien "Liberté" du 28/03/2008. Intéressant :

Le sommet arabe de Damas, qui s’ouvre aujourd’hui dans la capitale syrienne, se déroule dans un contexte de divisions. Aucun compromis sur le dossier libanais n’a été trouvé entre la Syrie, d’un côté, l’Arabie Saoudite qui a reçu le soutien de l’Égypte, de l’autre. Et entre Syriens et Saoudiens, l’ambiance est carrément à couper au couteau.
Ambiance : Riyad se fait représenter par son ambassadeur auprès de la Ligue arabe, une humiliation pour Bechar Al-Assad, qui se serait contenté du numéro deux saoudien sinon du ministre des Affaires étrangères. Renforcé par la présence confirmée d’au moins dix chefs d’État dont quatre des pays membres du Conseil de coopération du Golfe à Damas, le président syrien a tenté de montrer de l’indifférence à l’égard des voix qui ont appuyé les exigences saoudiennes lesquelles, rappelle-t-on, avaient trait à l’élection d’un président de la République libanaise avant le début du sommet. Ce qui sous-entend que la clef de cette élection était à Damas.
Pourtant, les Arabes avaient cru à une sortie de crise de dernière minute dans le dossier libanais. Plusieurs émissaires avaient fait des navettes entre Damas, Riyad et Le Caire pour tenter d’arrondir les angles et de trouver des dénominateurs communs, même provisoires entre les acteurs du dossier libanais. Rien n’y fit et les Libanais, bien qu’invités par Damas, ont décliné à leur tour l’invitation, créditant d’ores et déjà la rencontre d’échec. Par ailleurs, et c’est une première, le secrétaire général de l’ONU a également annoncé sa défection. Il ne sera pas de la partie. Une partie jouée d’avance avec les pressions des Américains et des Européens.
La visite au Proche-Orient du vice-président américain, Dick Cheney, se révèle un périple pour “tordre le bras” aux pays arabes modérés pour qu’ils boycottent le sommet ou, du moins, ne soient pas représentés par leurs chefs d’État. Washington ne s’est pas empêché d’appeler les pays arabes “à réfléchir” avant de décider de participer au sommet, accusant de nouveau la Syrie d'entraver l'élection du président libanais.
De son côté, le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, devait, lui, tomber à bras raccourcis sur Damas accusé de ne pas faciliter l’élection du général Michel Soleïman à la tête du Liban. La coordination américano-européenne fonctionne à fond.
La Syrie, pour tout argument, a fait appel à “la solidarité arabe”, dénonçant “des ingérences” dans les affaires interarabes. Selon la télévision syrienne, le président Bouteflika, ses homologues des Émirats arabes unis, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, du Soudan, Omar El-Bechir, du Yémen, Ali Abdallah Saleh, de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de Tunisie, Zine El-Abidine Ben Ali, de Mauritanie, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et les émirs du Koweït, cheikh Sabah Al-Ahmed Al-Sabah, et du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, ont confirmé leur présence à Damas. Plusieurs d’entre eux, dont Abdelaziz Bouteflika, sont préoccupés au plus haut point par les conséquences d’un échec du sommet.
La Syrie, à leurs yeux, reste un partenaire incontournable aussi bien en Irak, en Palestine qu’au Liban, et que ces dossiers explosifs sont susceptibles de déstabiliser davantage la région, voire le monde arabe dans son ensemble.
Tel qu’il se présente, qu’attendre alors du sommet de Damas ? Pas grand-chose pour les grands journaux de Riyad, du Caire et de Beyrouth. La voix de Moubarak, Al-Ahram, a même renchéri : “Ce sommet sera celui qui consacrera les divergences arabes au lieu d'être un sommet de l'unité arabe !”

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