Lybie : ONU, UE... H.S. !

Publié le par Hervé Pugi

A peine intronisé et déjà dépassé, Alain Juppé n’a pas tardé à prouver que son action serait dans la continuité de celle de ses prédécesseurs, Bernard Kouchner et Michèle Alliot-Marie. En un mot, l’impuissance ! Oh, c’est vrai, la France n’est pas la seule dans ce cas de figure, c’est toute la communauté internationale, ONU en tête, qui se détourne du drame libyen pour se perdre dans des palabres sans fin qui sont autant de gesticulations stériles dont la seule vertu est bien d’amuser le colonel Kadhafi ! Et l’Union européenne dans tout cela ? La très populaire institution n’a qu’une obsession : le flot de migrants risquant de « polluer » notre si beau continent ! Bruxelles où l’art de régler les problèmes techniques, fussent-ils humanitaires…

On aimerait autant de réactivité, d’investissement, d’implication dans les événements qui se déroulent actuellement du côté de la Libye. Mais, comme l’explique si bien Alain Juppé, « Kadhafi, il va tomber, il tombera, parce qu’il est déjà isolé dans Tripoli ». Souhaitons que notre diplomate en chef voit juste mais, pour l’heure, Kadhafi –que l’on nous a tant annoncé abandonné par tous- semble reprendre la main en lançant des raids, en narguant la Communauté internationale et en se retrouvant même remis en selle par son grand ami vénézuélien, Hugo Chavez, qui propose l’envoi d’une mission de médiation internationale. Allez, allons-y, discutons avec un fou...

 

Juppé n'a rien compris !

Une nation entière est prise en otage par un cinglé et la Communauté internationale se concerte, discute, examine. Pourtant, du côté de Brega et de Benghazi, la rébellion appelle à l’aide. Réponse d’Alain Juppé : « Je ne sais pas quelle serait la réaction de la rue arabe, des populations arabes tout au long de la Méditerranée si on voyait les forces de l’Otan débarquer sur un territoire du sud méditerranéen. »

Preuve de plus que la diplomatie française ne comprend rien au monde arabe et pas plus à l’air du temps. Que craint Alain Juppé ? Que la rue tunisienne ou égyptienne brûle nos ambassades ou s’en prenne à nos intérêts, parce que nous porterons secours à des « frères de révolution » ? Notre ministre des Affaires étrangères a-t-il si peu confiance dans le bon sens de ces populations pour oser imaginer que ceux-ci n’ont pas compris que Kadhafi est un fou dangereux ? Ne sont-ils pas les mieux placés, eux, qui ont vécu la dictature durant des décennies, qui assistent impuissants à l’arrivée de cohortes de civils terrifiés à leurs frontières, pour comprendre la nécessité d’impliquer les grandes puissances militaires pour mettre fin à ce régime insensé ?

Il faut dire que les politiques français, dépassés par les événements au Maghreb, n’ont pas manqué de se planquer derrière cette fausse bonne excuse : « pas d’ingérence dans ce printemps des peuples ». Seulement, la révolution en Egypte n’a pas été similaire à celle connue en Tunisie et le soulèvement libyen n’a rien de commun avec les deux précédents. Tout comme les régimes en place ne se retrouvaient que sur un point : l’autoritarisme. 

Mais la France, loin de son audace lors de la crise irakienne, joue la montre et attend que les Etats-Unis se décident. « N’écoutant que son courage, qui ne lui disait rien, Alain Juppé se garda d’intervenir », pourrait-on en dire en paraphrasant Jules Renard.

Alors, non, il ne s’agit pas de « débarquer » sur le sol libyen à l’heure du prime time avec jeeps et bannières étoilées. Non, il n’est pas question de s’asseoir sur des puits de pétrole et ne plus en bouger. Il s’agit juste de faire déguerpir un fou, de dynamiter un cinglé, de dégommer une vermine qui est là depuis bien trop longtemps. C’est finalement une question simple qui ne demande aucune réponse nuancée.

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G
<br /> Bonjour.<br /> L'histoire y compris récente nous a enseigné que l'émotion est souvent mauvaise conseillère. Intervenir ou ne pas intervenir en Lybie? Le risque n'étant pas seulement de s'embourber mais aussi d'y<br /> perdre des vies humaines françaises? Souvenons-nous de nos soldats d'Afghanistan dont le dernier qui est mort avait à peine 18 ans. Est-ce que des Français sont prêt à mourir pour la Lybie? Alors<br /> même que l'on avait reçu le dictateur comme un Roi il y a à peine quelques mois? Je crains fort que non. A si peu d'une élection qui verra le sujet de l'islam et de la laïcité en première ligne.<br /> Sans doute est-ce politicien? Mais au delà, intervenir et repartir très vite serait l'idéal! Malheureusement, rien ne se passe comme ça. Le risque, c'est que l'on soit bloqué en Lybie. Puis que<br /> s'organise autour des cette "occupation européenne" une opposition armée. Ce n'est pas nos dénégations qui changeront grand chose. La mentalité orientale est compliquée, la culture très différente,<br /> le colonialisme très présent dans les esprits. Rien ne se passera comme prévu. C'est une évidence. Comme d'habitude, il y aura les "pour" notre intervention mais vous savez bien que les "contres"<br /> finiront par l'emporter tôt ou tard. A notre détriment. Sans compter la vague d'une immigration certaine au nom de notre intervention. Tous ces paramètres doivent êtres pris en compte. Nous ne<br /> sommes plus au XIX siècles. Je dirai presque hélas... Dieu que la France était grande et respectée à cette époque. (sourire)<br /> Bien à vous.<br /> Gérard Brazon<br /> http://puteaux-libre.over-blog.com<br /> <br /> <br />
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