Betancourt : une mission de plus pour rien ?
La mission humanitaire dépêchée par Paris en début de semaine du côté de Bogota a des airs d’opération désespérée. Plus encore après qu’une agence de presse proche des FARC ait déclaré « d’ingénu » la décision de Nicolas Sarkozy d’envoyer une mission humanitaire sans avoir obtenu d’accord préalable avec les « révolutionnaires » marxistes. Tout en notant que « l’ingénu » en question était un président « de droite » dans « un pays capitaliste » et qu’elle ne savait pas « quelles sont les limites de la sincérité de Sarkozy ». Joli accueil !
Mais le plus étonnant dans cette toute « nouvelle » opération de la dernière chance, c’est le brouillard qui entoure les événements actuels en Colombie. Personne ne doute que la mission demande la plus grande des discrétions. Mais fallait-il alors médiatiser –ou tout juste communiquer- l’envoi du Falcon 50 en Amérique du sud ?
Car le silence radio observé actuellement de part et d’autre de l’atlantique en dit long sur la complexité des affaires en cours. Ainsi, en marge du sommet de l’OTAN, notre Bruce Willis national –Nicolas Sarkozy- a indiqué que oui il avait des nouvelles « mais compte tenu de la sensibilité de cette question, je ne peux en dire davantage ».
Dans le même temps, le président colombien, Alvaro Uribe, a lui tenu à préciser qu’il ne pouvait « rien dire » sur l’état de santé d’Ingrid Betancourt car « n’ayant aucune confirmation sur les mauvaises nouvelles qui ont circulé les semaines dernières ». Des nouvelles que d’autres semblent pourtant avoir : hépatite B, lechmaniose, grève de la faim, refus de se faire soigner…
Partis à « l’aventure »
Du côté du président de la Confédération helvétique, engagée avec la France et l’Espagne dans l’opération, même mystère. Pascal Couchepin évoque « un espoir fort que quelque chose se passe » mais ne veut « rien dire d’autre ». Nous voilà bien avancé.
Dans les faits, l’ambassade de France n'a plus aucun contact avec les rebelles depuis l’élimination de Raul Reyes, le 1er mars dernier. Un état de fait qui a forcé l’ambassadeur Jean-Michel Marlaud à demander l’aide de la sénatrice colombienne de gauche Piedad Cordoba.
D’autre part, une source proche du dossier, a indiqué que la France n’avait pour l’instant « pas de réponse des FARC » concernant un éventuel contact. Ajoutant au passage : « Ils partent à l’aventure ». Même son de cloche du côté du Comité international de la Croix-Rouge où l’on indique que « nous avons besoin d’un accord de toutes les parties pour agir ».
Sauveteurs ou pieds nickelés ? A quoi joue-t-on dans la jungle colombienne ? Pourquoi avoir communiquer sur cette mission pour finalement ne rien en dire si ce n’est se prémunir d’une éventuelle mauvaise nouvelle ?
« Nous avons fait tout ce qui a été humainement possible de faire… » N’est-ce pas le message de cette opération ?