Le "Sarkozy code" sur vos écrans !

Publié le par Hervé Pugi

S'il y a bien un domaine où Nicolas Sarkozy ne croit pas bon appliquer une quelconque "rupture", même "tranquille", c'est bien dans le domaine des droits de l'Homme. Le voyage officiel en Tunisie du président de la République montre bien que la France n’entend plus donner de leçons aux autocrates ou dictateurs de la planète, mais à la volonté de s’ancrer dans une position toute consensuelle qui consiste à ne pas froisser les puissants tout en donnant l’impression aux opprimés que l’on a une pensée compatissante pour eux. Pas sûr que tous y trouvent leur comte dans cette histoire mais tant que la France signe des contrats, « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes »…

Notre candide national est émouvant à écouter dans son style inimitable faite de détermination (« The UMP style »), de compassion (son côté chanoine), d’utopie (Bernard Kouchner ?) et de moralisme (tout hollywoodien)  : « Aujourd’hui, l’espace de liberté progresse. Ce sont des signaux encourageants que je veux saluer. Ces signaux, ces réformes s’inscrivent dans un chemin étroit et difficile, mais essentiel, celui de la liberté et du respect des individus. Ce chemin, aucun pays ne peut prétendre l’avoir entièrement parcouru et personne ne peut se poser en censeur ». C’est beau comme du Carla Bruni, non ?

Maintenant, une analyse de texte s’impose pour apprécier en profondeur les nuances d’un tel discours :

-« Aujourd’hui, l’espace de liberté progresse… », évocation des plus vagues tâchant de convaincre les convaincus que le président Ben Ali est un démocrate de premier ordre œuvrant pour le bien être de tous.

-« Ce sont de signaux encourageants que je veux saluer. » A noter qu’un « signal » peut être défini comme un « message simplifié et généralement codé ». A croire que le citoyen lambda n’a pas tout les « codes » que possède notre petit Nicolas qui parvient à percevoir dans l’interdiction de réunion publique, le contrôle de la presse ou la scandaleuse condition féminine (et j’en passe…), des « signaux » positifs.

-« Ces signaux, ces réformes… » « Signaux », toujours pour nous faire comprendre que nous on ne peut pas capter… « Réformes », juste parce qu’il adore ce mot ! Sarkozy veut réformer la France, l’Europe, le monde, voire même l’Univers. C’est un véritable toc chez lui !

-« ces réformes s’inscrivent dans un chemin étroit et difficile, mais essentiel… » Message subliminal ? Mes chers concitoyens français, oubliez le contexte tunisien, et relisez cette phrase lentement. Réformes… difficile… essentiel… N’est-ce pas là un message entendu des dizaines et des dizaines de fois depuis un an ?

-« … celui de la liberté et du respect des individus ». Aïe, c’est là que ça dérape. Voilà en revanche un thème pas super maîtrisé ni franchement souvent abordé par le président. C’est bizarre d’entendre parler le gars qui a fait voter la loi de sureté ou qui traque des immigrés –au point qu’ils se jettent par des fenêtres ou dans les fleuves- de « liberté et de respect des individus. Encore un « signal » mal perçu sûrement ou un « code » secret que personne n’a. Et sûrement pas les associations comme le Conseil National pour les Libertés en Tunisie qui faisait part, il n’y a pas si longtemps dans l’indifférence générale, de la préoccupante recrudescence des actes de torture en Tunisie. Une pratique devenue « base du système Ben Ali ». Vous savez, le président a qui l’on fait la bise en bas de l’avion !

« Ce chemin, aucun pays ne peut prétendre l’avoir entièrement parcouru… » Est-ce là un moyen de nous dire que la dérive autoritaire dans laquelle s’est engagée la France n’est pas si grave ? Qu’il faut nous contenter du vernis de quelques droits et libertés ? Cela est-il un moyen détourné de se désengager d’un rôle historique (bien que souvent démagogique et détourné) de porter de grands idéaux ?  

« … et personne ne peut se poser en censeur. » « Et surtout, SURTOUT, pas MOI ! », devrait être rajouté à ce discours afin qu’il soit complet et sonne un peu plus juste…

Bref, « écoutez ce que je dis, n’en croyez pas un mot mais ne doutez pas une seule seconde que j’y crois sincèrement ». C’est un peu ce qu’il faut comprendre des propos de Nicolas Sarkozy à Tunis. Comme toujours, une position incohérente et intenable pour un dirigeant de premier plan.

Heureusement que Rama Yade est là pour fourrer son nez dans tout ça…

Hihihi !

Publié dans Billet d'humeur

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S
belle analyse de texte. Mais du coup, "y" me fait de plus en plus peur...
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