JO de Pékin : Eteindre la flamme ou éclairer les esprits ?

Publié le par Hervé Pugi

L’énorme pataquès entourant la venue de la flamme olympique sur le sol français et les incidents ayant émaillés son parcours dans les rues de Paris peuvent être débattus jusqu’à épuisement. Ce qui est certain, c’est que les rues de la capitale auront connu la première grande épreuve des Olympiades 2008 ! L’acharnement qu’auront mis les pro-tibétains et les anti-chinois –car les deux existent indépendamment l'un de l'autre- a de quoi satisfaire le baron de Coubertin. L’important est de participer et tous –manifestants et forces de l’ordre- auront fait preuve d’un esprit d’abnégation digne des plus grands sportifs. Au final, quel vainqueur ? Il semble bien qu’il n’y ait que des vaincus.

Chinois, Tibétains, partisans et détracteurs, le gouvernement, le CIO, les sportifs et –finalement- le monde entier, tous auront fait de cette symbolique mais insignifiante présence de la torche olympique en France une foire à l’empoigne digne des pires moments de l’inaltérable émission « Intervilles ». Ne manquait guère que la vachette !

Déjà, les sportifs porteurs de la flamme, dans un esprit que les Black Panthers n’auraient pas renié, avaient décidé de frapper fort en portant un badge dont la virulence de l’inscription avait de quoi mettre à genoux les pires dictateurs : « Pour un monde meilleur ». Un engagement tout « franchouillard ». Un engagement à l’image du positionnement de la France sur le plan diplomatique : pleine d’hésitation, de lâcheté, de couardise. A nos sportifs la médaille d'or du "servage à rien" ! Mieux valait le silence à une telle hypocrisie...

La nation des Droits de l’Homme apparaît aujourd’hui comme une pucelle effarouchée aux tendances sadomasochistes qui fait des avances « d’allumeuse » en chaleur pour, au dernier moment, se calfeutrer dans une sorte de pudeur, d’ingénuité, qui ne trompe personne.     

L’incroyable polémique naît des vraies-fausses-vraies déclarations de Rama Yade au journal « Le Monde » sont, en soi, révélatrices. Mais révélatrices de quoi au juste ? Et bien de l’improbable « pas de deux » auquel Nicolas Sarkozy et le gouvernement Fillon est en train de s’adonner. Alors que Gordon Brown, le premier Ministre britannique, s’est clairement prononcé contre le boycott des JO de Pékin (même s’il est vrai que Londres prépare activement les Jeux de 2012), la France nous joue le couplet improbable du « j’y vais, j’y vais pas, j’y vais peut-être, j’y vais à condition que, j’y vais mais… »

Agitprop stérile

Une position –où plutôt une absence de position nette et tranchée- qui évidemment ne permet pas de poser le débat de manière saine et intelligente mais surtout qui permet aux perturbateurs de tout bords de semer une stérile confusion qui n’arrangera en rien la situation des Tibétains.

Les problèmes de l’indépendance du Tibet et du régime chinois ne sont pas nouveaux. Il va de soi que la « real politic » impose aux gouvernements de la planète, quoiqu’ils en pensent, de prendre des gants sur de tels sujets. Quand bien même le manque de courage de nos dirigeants –sur ce thème comme sur d’autres- est hallucinant. Mais ce qui est certain, c’est que l’agitprop faite par certains aujourd’hui sur la question tibétaine ne résoudra rien. D’autant plus que celle-ci se fait en dépit des intentions du Dalaï-lama, ce dangereux terroriste selon les autorités de Pékin, qui n’a jamais appelé au boycott des JO. Alors pourquoi se faire plus Tibétain que les Tibétains eux-mêmes ?

Au final, beaucoup de bruits pour rien. Les athlètes français –et autres- auraient du laisser leurs badges aux vestiaires (libre à eux d’avoir les « cojones » de ne pas aller à Pékin !), les contestataires avaient le devoir de s’en tenir à la volonté du Dalaï-lama et se lancer dans des manifestations autres que cette « course à l’instincteur » (pourquoi ne pas avoir organisé une journée pacifique d’information et de sensibilisation sur la situation au Tibet ? Tellement plus utile…) et l’Etat français, pour sa part, doit prendre ses responsabilités et cesser de tenir un double discours (un pour l’opinion public française, un autre pour les autorités chinoises). Ces JO, cette cérémonie d’ouverture, on y va ou pas ?

Ah ! Au fait… Ces jeux olympiques y’a un moyen simple de les boycotter. Vous. Nous. La télé, personne n’est obligé de l’allumer…      

Publié dans Billet d'humeur

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S
Pour un billet d'humeur, ça c'est un vrai billet d'humeur ! D'accord à 100% avec toi. <br /> PS : merci pour le lien.
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