Betancourt en proie aux... spéculations

Publié le par Hervé Pugi

C’est la larme à l’œil que les appels en faveur de la libération d’Ingrid Betancourt se succèdent. De la part de sa famille évidemment mais des milieux politiques de toute part également. Il est vrai que les dernières nouvelles arrivées de la jungle colombienne n’ont pas été des plus rassurantes. La ressortissante franco-colombienne serait au plus mal, amoindrie par une hépatite B chronique. Du coup la mobilisation générale est lancée entre appels au FARC et prières envers le président Uribe.

Il faut sauver le soldat Betancourt, c’est une évidence. Tout le monde en convient. Les grands de ce monde s’y emploient. Même les petits. Ainsi, le président Sarkozy est prêt à se rendre lui-même à la frontière vénézuelo-colombienne pour récupérer l’otage. Hugo Chavez, un ami politiquement si différent du chef de l’Etat et pourtant si proche en terme d’image, a promis de faire tout ce qui était en son pouvoir pour récupérer la détenue la plus médiatique au monde.

Mais voilà six ans maintenant qu’Ingrid Betancourt est retenue par les FARC. Six longues années où ses enfants se sont battus pour sa libération. Six longues années que les négociations doivent avoir lieu. Six longues années d’une diplomatie pour le moins stérile. Les récentes libérations d’otage doivent plus au réseau Chavez qu’à toute autre action. Et l’on est en droit de se demander ce qui pendant six ans à pu se passer en coulisse lors des négociations.

« Le martyre imposé à Ingrid Betancourt, c’est le martyre qu’ils imposent à la France » s’est osé Nicolas Sarkozy. La formule est bonne. Il n’empêche qu’en six longues années de martyre, la France de Chirac, puis de Sarkozy, ne sont arrivés à rien dans ce dossier. Le président de la République avait fait le « rêve » de voir l’ancienne candidate à la présidence colombienne retrouver sa famille pour les fêtes de fin d’année. Le chef de l’Etat sait aujourd’hui –s’il l’ignorait- qu’il y a un monde entre le rêve et la réalité.

Tous derrière les faux-culs…

Il faut arrêter de croire que les FARC sont des révolutionnaires romantiques empreints de justice et de liberté. Ils sont tout au plus une bande de trafiquants de drogue et de guérilléros désœuvrés refusant de jouer le jeu de la démocratie et de la révolution des mentalités. En appeler à la bonté de tels hommes n’a pas de sens. Ingrid Betancourt ne retrouvera la liberté que si les FARC y voient leur intérêt. De son côté, le gouvernement corrompu de Bogota ne tient pas spécialement à voir sortir de la jungle ce symbole de  l’opposition à Uribe. Bien trop de risques politiques. Il ne faut donc pas trop s’attendre à ce que le président colombien exécute un revirement complet de sa politique pour la dénommée Ingrid. D’autant que Washington, le seul à pouvoir réellement faire pression, ne semble pas des plus concernés par la question. Le problème pour la Maison-Blanche, c’est la drogue. Pas les otages.

Hugo Chavez, lui, est trop heureux de jouer les premiers rôles. Intronisé « Bête noire » des Américains depuis le retrait de Fidel Castro, le Vénézuélien prend la posture du bienveillant protecteur de tous. Autant des FARC, dont il se sent proche, que des détenus qu’il s’emploie à libérer. Récupérer Ingrid Betancourt serait un laissez-passer à vie (ou presque) dans les sphères diplomatiques internationales. Pour Nicolas Sarkozy, sans remettre en cause la sincérité de son engagement, la libération de la franco-colombienne serait une aubaine médiatique à l’heure où sa cote de popularité est en chute libre. Le président, depuis son élection, a fait de ce dossier une priorité. Il s’y est investi comme rarement un homme politique s’est engagé. Echouer serait un échec personnel pour le chef de l’Etat mais aussi pour l'image de la France dans le monde. Voix désormais bien fluette dans le concert des nations.
Autant dire que le destin d'Ingrid Betancourt est entre de « bonnes » mains

Mais peu importe qu’un méchant passe pour un gentil et un hypocrite pour un sauveur, les querelles doivent parfois cesser face à l’intérêt d’une personne, d’une famille. Il sera bien temps après pour nous de tirer à vue lors du bal des faux-culs qui suivra inexorablement…

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