Municipales : Opéra-bouffe à l'UMP

Publié le par Hervé Pugi

Les élections municipales approchent à grand pas et le moins que l’on puisse dire c’est que « il y a quelque chose de pourri dans le royaume » de… l’UMP. Pas sûr pour autant que le grand tragédien William Shakespeare (à qui la formule a été –partiellement- empruntée) ait pu trouver l’inspiration dans ce qui ressemble bien plus à une tragi-comédie. Pour tout dire, la majorité présidentielle a tout fait pour que cette campagne ressemble à un opéra-comique qu’un certain Offenbach, maître dans le domaine, n’aurait pas renié. Mais bien loin des « Contes d’Hoffmann », c’est plutôt ceux des « Milles et une nuit » que les compagnons de route de Nicolas Sarkozy sont en train de nous raconter. 
Ainsi, Patrick Devedjian nous en a raconté une bien bonne pas plus tard que ce matin même. Nul n’ignore désormais que le chef de l’Etat, alors sûr de sa force, avait voulu faire  de ce scrutin local un enjeu national. Ce qui n’avait pas franchement ravi ses « disciples ». C’est le moins que l’on puisse dire. Beaucoup à droite se sont d’ailleurs évertués à battre en brèche la vision du président de la République. Le secrétaire général de l’UMP, lui, a tranché sur Canal+ : « les élections sont au deux tiers locales, un tiers nationales ». Ne manque que quelques glaçons et ce « pastis » serait presque buvable… 
Ne pas désavouer Nicolas Sarkozy sans trop l’impliquer non plus ? Hum… Pas certain. Pour les maires étiquetés UMP la vision serait plutôt : Ne pas désavouer Nicolas Sarkozy sans l’avoir dans les pattes ! Ce que n’a pas manqué de mettre en exergue François Hollande sur le plateau de France-2 hier soir : « Personne (…) à droite, ne se revendique de Nicolas Sarkozy, c’est étrange ».
Pas même l’ami Estrosi à Nice. Le secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer ne fait effectivement aucune mention de son appartenance à l’UMP sur ses affiches électorales, préférant avancer « l’ouverture » de sa liste à la « société civile ». De quoi amuser Jacques Peyrat, maire sortant viré de l’UMP pour candidature dissidente : « on m’a exclu de l’UMP pour m’interdire d’utiliser le sigle du parti (…). Ce serait donc que M. Estrosi est également exclu de l’UMP (…) », a ironisé l’ancien membre du Front National. 
Pas touche aux ministres !
Des candidats investis qui se coupent de leur parti, c’est étonnant, mais des candidats « découpés » par leur parti qui s’en revendiquent encore, c’est carrément fou ! C’est pourtant bien ce qui s’est passé dans ce Far-West à la française qu’est Neuilly-sur-Seine. Pas la peine de trop s’étendre sur les pérégrinations passées quant à l’investiture d’un candidat UMP dans le fief de Nicolas Sarkozy. Si David Martinon soigne toujours son dos de ses nombreuses blessures par armes blanches, le « putschiste » lui-même « putsché » (sic), Arnaud Teullé, semble avoir pour sa part toujours bien mal aux fesses. Mais l’ancien chef de section du parti présidentiel, pourtant suspendu pour dissidence, n’a pas renoncé. Il n’a en effet pas hésité à afficher le logo de l’UMP, en face de chacun du nom de chacun de ses co-listiers encartés au parti, sur ses propres bulletins de vote !  Amour (désespoir ?) quand tu nous tiens !!! 
Mais si certains maires de droite ont des sueurs froides à quelques jours de l’échéance, d’autres ont leur place bien au chaud d’assurer. Il s’agit des ministres en lice aux municipales. Même battus, ils sont assurés de rester au gouvernement. Pas de rupture, même tranquille, pour eux ! Voilà qui a changé (Alain Juppé doit apprécier) depuis les législatives… 
C’est que, selon Patrick Devedjian, « si vous dites qu’à chaque fois, ils ne peuvent pas rester, il n’y aura plus aucun ministre qui voudra se présenter aux élections, ce qui est quand même embêtant dans une démocratie ». Non, monsieur Devedjian, ce qui est embêtant c’est plutôt que des hommes politiques refusent de jouer le jeu de la démocratie par crainte de perdre leur situation. Et ça, c’est le tragique de la comédie actuelle mise en scène par l’UMP.

Publié dans Politique Française

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