Quand le foot ne tourne plus rond...

Publié le par Hervé Pugi

La grande messe du football a vécu un week-end d’excès, un week-end détestable comme il n’en avait plus connu depuis bien longtemps. Un mélange de racisme et de violences qui ne peut que nuire à l’image du sport le plus populaire au monde. Le problème n’est pas nouveau, en France comme ailleurs, et pourtant chaque incident provoque une émotion feinte, des déclarations d’indignation sans relief mais surtout –surtout- une inertie de la part des autorités sportives comme administratives des plus intolérables.

A Metz, le défenseur marocain de Valenciennes Abdeslam Ouaddou a prouvé qu’il était plus qu’un sportif, un homme avant tout. En grimpant dans les tribunes du stade Saint-Symphorien pour s’expliquer avec un énergumène ayant tenu des propos racistes durant toute la première mi-temps, le Valenciennois a provoqué la polémique. Ici où là, les avis divergent. Certains estiment effectivement que le joueur –professionnel- aurait du prendre sur lui, qu’il n’avait pas à se muer en un « Zorro » vengeur et aurait du laisser intervenir qui de droit.

Mais c’est là que se pose le réel problème. C’est là que l’univers tout entier du football –des supporteurs aux officiels- est entièrement coupable. Car un raciste isolé dans une tribune, ça ne passe pas inaperçu. Des gens assis autour aux « stadiers » installés dans les tribunes, personne n’est intervenu jusqu’à l’incident. Quant aux vingt-deux acteurs sur la pelouse, aux bancs de touche et –surtout- aux arbitres, personne n’a voulu prendre ses responsabilités. La seule décision précise aura été de… sanctionner Abdeslam Ouaddou d’un carton jaune ! Pas une première, déjà l’année dernière, le joueur de Libourne-Saint-Seurin, Boubacar Kébé avait été expulsé à Bastia pour un bras d’honneur à l’encontre d’une partie de public qui l’avait insulté de la sorte. Au final, le club corse avait été sanctionné d’un point par la Ligue de Football Professionnelle. Véritable pantalonnade !

L’arbitre, Damien Ledentu, lui, est sous le feu des critiques depuis samedi soir. Aurait-il du interrompre la partie en connaissance de cause ? Sûrement. Mais l’autre question est pourquoi joueurs et dirigeants des deux équipes n’ont-ils pas eux-mêmes pris solidairement la décision de ne pas reprendre la rencontre après la mi-temps ? Premières victimes de tels comportements, c’est quand bien même à eux de prendre leurs responsabilités. Voilà qui aurait été un symbole fort !

Un OM-PSG sans problème…

A la décharge de M. Ledentu, l’arbitre est un homme seul, tellement seul. Seul face aux critiques permanentes des médias, des dirigeants et des joueurs, seul face à la pression constante d’un sport aux enjeux économiques –voire politiques- de plus en plus importants. Car, comme l’avait déclaré le président de la FIFA Sepp Blatter au moment du décès du joueur camerounais Marc-Vivien Foé en 2003 lors de la Coupe des Confédérations, « le spectacle doit continuer ». Stopper un match, c’est prendre le risque de se mettre un stade à dos, une équipe ou deux (?), peut-être la Ligue, sûrement Canal+ (le diffuseur). Une responsabilité lourde à porter pour un seul homme. Peut-on sevrer le public de son opium ?

Comme si ça ne suffisait pas, un bus de supporteurs nordistes a été caillassé à quelques centaines de mètres du stade. Un enfant de neuf ans a été légèrement blessé à la tête. Metz, morne plaine.

Dimanche soir, le classique du foot français : le bouillonnant OM-PSG s’annonçait sous les pires auspices. Au final, tout le monde s’accorde à dire que la rencontre s’est déroulée sans véritables problèmes. Au final, c’est un bus parisien « caillassé » à Orange, des jets de projectiles entre supporteurs des deux équipes et sur les joueurs, des fumigènes –prohibés dans les stades- à profusion, et deux chauffeurs de bus –noirs- qui refusent de rembarquer les trop célèbres « Boulogne Boys » pour avoir été insultés pendant le trajet Paris-Marseille. Oui, la rencontre s’est bien passée mais le football n’en sort pas grandi !

Reste des puristes, tel que l’entraineur de l’Olympique de Marseille, le belge Eric Gerets : « Le football n’a pas besoin de ces dérapages. C’est le sport le plus populaire de la planète et de tels événements sont une mauvaise publicité. Les supporteurs doivent soutenir leur équipe, siffler l’adversaire car cela appartient au décor mais sans atteindre les débordements vécus en Italie cette saison. Il faut trouver les moyens d’éliminer du stade à vie, les personnes qui se rendent à un match avec des mauvaises intentions. »

Vœu pieux ? On verra…    

Publié dans Société

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