Ils sont fous ces Romains ?

Publié le par Hervé PUGI

Il est fort le diable, très fort ! « Il Cavaliere » n’a pas attendu bien longtemps pour se remettre en selle. A peine Romano Prodi avait-il quitté son fauteuil de Président du conseil que Silvio Berlusconi réclamait haut et fort de nouvelles élections devant le ramener au plus haut sommet de l’Etat. Il n’est pas étonnant que le président démissionnaire ait fini par chuter, son prédécesseur, avant de quitter le pouvoir, ayant bien pris soin de lui savonner la planche. La faute à une réforme de la loi électorale, entrée en vigueur fin 2005, instituant un très complexe scrutin proportionnel assorti d'un système de «prime de majorité» calculée différemment à la Chambre des députés et au Sénat. Un système donnant à des partis à l’électorat mineur une part prépondérante à l’assemblée. Chef de file d'une coalition de neuf partis des plus hétéroclites, bénéficiant d’une minuscule majorité au Sénat (une à deux voix), « il Professore » ne pouvait que tomber. La question était quand…

Dans un pays où l’instabilité politique est un véritable culture depuis la fin du fascisme, la chute du gouvernement Prodi pourrait sembler être un épisode de plus dans une commedia dell arte des plus caricaturales. Il se pourrait bien que la situation soit bien plus grave tant nos voisins transalpins sont en plein doute.

Endettement, croissance quasi-nulle, chômage, précarité, baisse du pouvoir d’achat (-14,8% entre 2001 et 2004), l’Italie va vers le gouffre. Ajoutez à cela, le traditionnel clientélisme traditionnel et l’emprise du crime organisé et le tableau devient des plus sinistres.

Autant de combats à mener qui réclament une majorité forte, stable et décidée. Un luxe auquel les Italiens devraient se faire un plaisir de succomber. D’autant que le système politique lui-même, avec un bicaméralisme parfait des plus encombrants, aurait besoin d’une bonne refonte. Non pas à la mesure d’un homme (suivez mon regard…) mais à celle d’un pays tout entier. Romano Prodi promettait cela. Romano Prodi n’est plus.

Reste qui ? Silvio Berlusconi évidemment. L’homme qui s’allie avec l’extrême droite et la frange catholique la plus dure. L’homme qui commande les sondages avant de décider, l’homme qui se satisfait que 40% de l’économie transalpine soit souterraine, l’homme qui face à la fraude fiscale -sport national, qui représente un cinquième du revenu national- réagit par des lois d’amnistie des plus populistes, l’homme –enfin- qui s’est servi de sa fonction pour voter des lois en fonction de ses intérêts. Voilà l’homme qui risque de gouverner une nouvelle fois l’Italie.

Au taciturne et si peu charismatique Romano Prodi, laborieux technicien de la politique, pas faiseur de miracle, Rome pourrait retrouver Silvio Berlusconi, l’homme d’affaire tout en strass et paillettes, symbole d’un Italie qui réussit… mais surtout en football !

Publié dans Politique européenne

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